Lancée en 2004, la série Nouvelle Histoire de l’Art a pour but d’explorer les pages inconnues de l’art russe du vingtième siècle. Petit à petit, ces pages deviennent chapitres, laissant apparaître des strates entières de la culture, pouvant remodeler l’histoire de l’art et restant, toutefois, dédaignées par la modernité qui s’est montrée réticente ou incapable de les appréhender.
Les premiers livres de la série sont consacrés à des artistes qui, bien que reconnus par les historiens de l’art, sont en général ignorés par le grand public. Cet état des choses est le résultat de la censure à laquelle est soumise la constitution du corpus de textes sur l’histoire de l’art. On aurait pu qualifier cette censure de politique, si, dans la critique de l’art du XXe siècle, ce mot n’avait pas pris une autre connotation, entièrement idéologique. Pour nous, il s’agirait plutôt de différents desseins, stratégies et écrits, de différents modèles de pratiques culturelles qui ont existé au cours du XXe siècle. Qu’est-ce le politique ? Est-ce la scène où l’artiste fait son apparition ou est-ce le rideau qui le cache ? Dans quelle mesure l’inscription du nom de l’artiste dans la hiérarchie institutionnelle de son époque est-elle pertinente lorsqu’il s’agit de faire une relecture de l’histoire ? Le temps est-il venu de donner un jugement critique à l’omission, voulue ou subie, du nom de l’artiste de tout type de communication représentant les intérêts de l’élite bureaucratique de l’époque ?
La modernité a l’habitude de lire l’histoire de l’art à travers le prisme du politique. Aujourd’hui, la question est de savoir si l’homme moderne est capable de lire des textes politiques en les soumettant à une critique basée sur son expérience culturelle. L’art peut-il créer une optique qui permettrait à l’homme moderne de considérer la façon dont est représenté le réel comme une compétition entre plusieurs programmes produisant et mettant en oeuvre les différents sens qui déterminent les formes et les voies qu’emprunte son existence ? Peut-on analyser l’action du politique sur le culturel non seulement au passé, mais aussi au présent ? Autant de questions abordées dans les livres de la Nouvelle Histoire de l’Art.