Il arrive parfois qu’en se penchant sur l’art du passé, on a du mal à concevoir que ces œuvres qui ont l’air de nous parler dans notre propre langue ont été créées plusieurs décennies, plusieurs siècles, voire plusieurs millénaires avant notre naissance. De cet étonnement naît la nécessité de remettre en question la notion de l’espace culturel. Nous devinons que l’actualité d’une œuvre d’art, loin de se limiter au temps présent, se compose d’une multitude d’étendues sans fin, qui, à leur tour, se composent d’événements qui ont eu lieu à différents moments du passé et qui résonnent dans notre présent tel un bourdonnement de mots hétéroclites, dans lequel nous essayons de retrouver notre propre voix. Pourquoi les croquis d’un jeune artiste d’une autre époque nous parlent avec autant de force ? Peut-être, parce qu’ils sont le résultat d’un dialogue avec un présent qui de tout temps a été réceptif et responsable vis-à-vis de l’éternité ?  Ces questions sont autant de réflexions qui naissent du contact avec les dessins d’Anton Tchirkov, artiste russe dont nous célébrons, en 2012, le 110^ème anniversaire.